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mon pruneau
3 juin 2007

de l'Etat de grâce en politique

Trop jeune pour me souvenir de l'arrivée au pouvoir de Mitterrand mais, au vu de la flamme qui s'allume dans les yeux de mes parents à chaque fois qu'on leur évoque le 10 mai 81, capable d'imaginer l'hystérie collective d'alors, je me rappelle très clairement l'accès aux responsabilités de Chirac et les semaines qui ont suivi son élection. Quel était le message? En résumé "maintenant ça va changer, attention les yeux." Tout le monde s'extasiait. Des mesures phares telles que la limitation des vols en jet présidentiel, la réduction drastique des dépenses de l'Elysée nous ont en effet éblouis. On connait la suite. Les portraits de Juppé aussi, je m'en souviens bien, j'en ai tellement mangé au printemps 1995! Un peu rigide certes mais tellement brillant. Une carrière en ligne droite, un exemple pour tous: le meilleur d'entre nous! Le feu follet Chirac en haut du mât et la maîtrise technocratique Juppé à la barre, attachez vos ceintures!

(sentiment de déjà vu: le président foufou mais quelle énergie et le premier ministre triste mais résolu, j'ai l'impression de l'avoir revu depuis... je dois être fatigué et divaguer).

Qu'est-ce que j'essaie de dire en somme? Que dans les semaines qui suivent les grands scrutins la presse et à sa traîne l'opinion perdent toute lucidité pour se concentrer sur des détails dignes du plus grand désintérêt. Imaginez que nous ayions un jour un président végétarien, par exemple. Le bombardement médiatique de cette information serait inversement proportionnel à l'intérêt général qu'elle porterait. On ne parlerait que de ça, ça n'aurait aucune importance.

Il y a aussi de micros états de grâce a-présidentiels: Cresson premier ministre. Une femme! Même Liebig en avait fait le slogan d'une de ses pubs télé ("Une soupe aussi bonne et si peu chère? Et pourquoi pas une femme premier ministre? hahaha!"). Jospin ou le renouveau de la gauche qui gagne (en effet c'est ce qu'on retiendra de sa carrière). Raffarin en génie de la communication (ahh les Raffarinades qui devraient bientôt rejoindre la prestigieuse collection de la Pleiade). Villepin le poète, l'homme dont le destin est de gouverner les hommes, son destin actuel nous le prouve. Et caetera et caetera...

Loin de moi l'idée de dire que ce sont tous des pourris, des méchants, tous les mêmes qui nous jettent un temps de la poudre de perlinpinpin aux yeux puis nous trahissent lamentablement. Non, ils ne sont pas "tous les mêmes". La politique de Jospin n'aura pas été celle de Raffarin. A vous de juger celle que vous avez préférée, du moment que vous jugez tout ira bien.
D'ailleurs il n'est pas si difficile de ne pas être dupe quand, durant ces brefs moments aériens post-électoraux, on nous bassine avec les receuils de poèmes de l'un et les joggings au bois de Boulogne de l'autre. Peut-être même que la faute revient plus aux media qu'aux dirigeants qui nous vendent ces cartes postales: qu'ils s'en fichent les media, qu'ils continuent à informer les gens sur ce qui compte, et les gens se sentiront moins dupés par la suite.

Ma solution? Après l'indigestion de la campagne présidentielle un jeûne médiatique s'impose. J'entre en hibernation politico-médiatique au lendemain du second tour et je sors de ma caverne au premier projet de loi. Ainsi mon esprit n'est pas trop embué par les performances sportives ou slogannesques de ceux qui dirigent une partie de ma vie et je peux alors me permettre de cogner ou d'applaudir, plus librement peut-être que ces pauvres bougres qui étaient au premier rang des concerts d'accordéon ou des spectacles de claquettes de leur bon président.

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